Confinement exceptionnel à Katmandou, chez Rahul Bharti  

Cela fait 8 semaines que je suis arrivée chez Rahul, dont 7 semaines aujourd’hui que l’on est en confinement.

Le contexte : je suis chez mon ami et enseignant Rahul Bharti dont j’organise les formations à Paris, qui m’a invité chez lui. Avec son grand cœur, il est une lumière à lui seul. Il ne parle pas de spiritualité, il la vit. Après une vie très riche d’enseignements dans diverses tribus, tant chez les gitans du Sri Lanka, les aborigènes d’Australie que les Amérindiens où il a pu vérifier les fondements de ses connaissances, Rahul est aujourd’hui un grand guérisseur de par le monde. Je suis donc arrivée après une semaine d’escapade au Népal à Katmandou, pour suivre de nouveau le niveau 1 qu’il enseigne très fréquemment. Cette fois, j’ai pu enseigner le yoga ancien durant un mois, et je m’adonne à l’enseignement du massage dès que je peux avec beaucoup de joie.

Doucement, on a vu le confinement se répandre en Chine, en Europe puis jusqu’au Népal, le 24 mars. Rahul a très bien anticipé la situation, et par ses conseils, on a effectué de grandes courses de nourriture dès la mi-mars, puis nous nous sommes confinés les premiers. En tant qu’étrangers à la peau blanche nous faisons partie des porteurs potentiels du corona virus. Inutile donc d’affoler les habitants de Katmandou dans la rue.

Le groupe d’étudiants de Rahul s’est divisé : 2 d’entre eux ne restaient que pour 10 jours, puis 2 autres sont partis (dans les montagnes népalaises ou rentré en France dont les derniers billets d’avion était plutôt très chers). Aujourd’hui nous sommes 5 à être restés sur l’invitation de Rahul Bharti qui s’est proposé d’enseigner le niveau 2. Nous goûtons ainsi à la vie en communauté, à ses trésors et ses challenges.

Principalement, elle nous invite à constater nos rapports à la nourriture : ici il faut économiser la nourriture (car on ne sait combien de temps les magasins resteront ouverts 1h30/jour), et à la fois manger avant que ce ne soit abîmé, manger pour rester en bonne santé, manger car pour l’instant on a la chance de pouvoir encore faire quelques courses. Un fin chemin à chaque repas…  Nous avons la chance d’être chez Rahul Bharti. Sa règle d’or : tous les soins qu’il donne sont gratuits, tous et depuis toujours. Ainsi les soins sont donnés avec amour et sont d’autant plus efficaces. En cette période particulière, c’est tout le quartier, ses amis, ses connaissances qui le remercient aujourd’hui en le privilégiant sur les courses, les légumes, le lait… Dans le même temps, ici à Katmandou, les familles les plus pauvres font la queue aux bureaux du gouvernement (dont l’un situé en face de notre portail) avec des coupons pour recevoir 5kg de riz… seulement. Comme il a toujours fait, Rahul Bharti continue de nourrir 2500 personnes tous les mois. J’ai beau participer à ces dons, la situation me tort parfois l’estomac. L’objectif : s’occuper de soi, et être heureux pour s’occuper des autres.

Dans le groupe que nous constituons, les relations humaines sont plutôt simples. Chacun a son monde intérieur et nous cohabitons très naturellement. Bien sûr, quelques anicroches, en pensées ou en râlant ouvertement, ont lieu. Dans le silence, on se rend compte de ses propres comportements, de ses habitudes, de ses interprétations du réel qui évoquent immanquablement les manques et les excès de notre enfance. Nous travaillons à la parole directe, comme on peut… comme je peux. Ma proximité avec ma très bonne amie Michèle qui est venue ici, non pas en tant qu’étudiante, mais pour écrire un livre sur la vie passionnante de Rahul, m’exerce régulièrement à la relation à l’autre et à cette parole directe. Plus on s’aime, et plus il est simple de se disputer et se réconcilier dans la seconde !! Quelle joie aussi !

Nous partageons l’espace restreint du rez-de-chaussée et du jardin, chacun en s’affairant, avec fluidité aux tâches ménagères, à la construction d’une hutte pour les cours (en arrêt de construction faute de matériel), une niche pour les chiens, des étagères en bambous pour la cuisine, l’aide au site de Rahul, ou encore l’écriture et… essentiellement l’entraînement au programme quotidien de massage et énergétique. Tant de créativité à l’œuvre.

Népal

Ici, les journées commencent à 5h30 du matin. D’abord, nous buvons de l’eau chaude au curcuma pour nettoyer le système digestif, puis exercices énergétiques du matin, yoga ancien, petit déjeuner, et les cours de Rahul commencent pour toute la matinée. L’après-midi on s’entraîne à ce que l’on a appris. Après 18h, plus d’écrans, plus de smartphone. Le soir, après un repas plutôt léger, on reprend les pratiques énergétiques du coucher pour mieux régénérer nos organes, et nous nous couchons à 21h. Nous expérimentons donc la pleine forme. Ici chacun est joyeux et cette pensée semble être partagée au coucher : « c’était encore une très belle journée aujourd’hui ».

Rahul Bharti insiste depuis plus de 4 ans pendant ses formations sur l’importance de maintenir notre système immunitaire en bonne santé dans les années à venir, car une partie de la population risque de disparaître dans cette décennie. La planète est surpeuplée. Le Vivant, d’où qu’il vienne, reprend ses droits et cherche l’équilibre. Je m’en souviens comme si c’était hier, l’été dernier à Paris, Rahul me le disait sérieusement devant le porche de mon immeuble. Avec beaucoup de légèreté encore, je n’ai pas su peser ses mots.

Le système immunitaire dépend non seulement d’une bonne santé physique musculaire, du bon traitement de nos organes, d’un sommeil régénérant, d’un équilibre mental, de l’action continue, d’une clarté envers soi-même et les autres ou encore de notre joie de vivre. Voici tous les sujets évoqués par Rahul. Et il nous apprend à diffuser cela par le massage et le yoga anciens, ainsi que par des outils énergétiques tout comme il l’expérimente quotidiennement depuis son enfance.

Le mois dernier, on défrichait aussi les relations familiales et humaines dans nos vies. Depuis peu, on se réunit pour aborder essentiellement nos habitudes et nos comportements étroits pour aller à la racine de ce qui nous constitue. Rahul, il observe tout, nos visages, l’énergie qui nous habite, et s’en amuse ;  il nous montre sans rien dire, où nous devrions être plus alerte, à l’écoute, dans l’action ou dans la joie même de l’action. Il enseigne bien au-delà des cours, 24h sur 24h de toutes les façons possibles, et se le dit à lui-même également.

Cela fait 6 semaines qu’on est confiné, sans sortir une seule fois du jardin. Je vois les choses changer. Lors de mon arrivée, les nuits approchaient les 5° C., obligée de se couvrir énormément car pas de chauffage. Aujourd’hui, les moustiques nous visitent quotidiennement. La mousson a commencé depuis une semaine. Le soleil alterne avec pluie et tonnerre, à présent des grenouilles sortent le soir. Des fleurs magnifiques ont éclos de certains arbres, ainsi que des fruits. Le bruit des oiseaux se multiplie. Une perruche a fait son nid sur le toit du temple hindou voisin. Au quotidien, on fait de plus en plus attention aux denrées, et grâce à cela j’ai appris à faire les chapatis. De temps à autres, une sirène de gendarme avertit les gens de bien rester chez eux, par des coups de sifflet en colère (ici, les policiers préfèrent les coups de bâtons aux amendes) ou par des avertissements au transistor. Il est déjà arrivé que le camion passe pour nettoyer les rues de chlore contre le virus ; ça n’empêche pas les gens de sortir de temps à autre. Je vois le vivant évoluer, comme Pogo, le chiot adorable de 6 semaines qui ressemble bientôt à un jeune chien. De même, nous changeons jour après jour sur les conseils de Rahul. Les visages se détendent, les sourires se multiplient, la cohésion du groupe se fluidifie, chacun s’attarde à sa tâche, est plus alerte, ouvert, conscient.

Ce qui n’a pas changé, c’est la joie et la sagesse de Rahul Bharti, constantes, comme le chaleureux accueil de sa femme. Les cours de massage et d’énergétique continuent. La vie de famille nombreuse des voisins fait du bruit et anime les soirées. Chaque jour, un bruit strident annonce l’arrivée de l’eau, accordée par le gouvernement, afin de la puiser et la stocker pour la journée. Deux fois par semaine, une sirène annonce l’arrivée du camion poubelle, alors nous sortons tous au milieu du cours. Et régulièrement, le laitier apporte 2 sachets de lait.

Je mesure la chance que j’ai d’être confinée ici – pour combien de temps ?! – auprès d’un maître, vivant, en bonne santé, ancré, dans le concret, heureux en famille et seul, qui donne beaucoup aux plus pauvres, dont le grand cœur est généreux autant que chaleureux, et imparfait, qui apprend encore tous les jours. Si loin des discours spirituels, des pensées sans actions.

Infiniment merci.

Pour lire la suite, cliquer ici.

Pour plus d’information et découvrir le site de Rahul, cliquer ici.