Confinement exceptionnel à Katmandou, chez Rahul Bharti

Suite & fin

Ça y est. Nous sommes rentrés, les 3 français de notre groupe en route pour Paris, après 4 mois et demi, dans un charter exceptionnel qui coûte 4 fois le prix, et officiellement l’aéroport de Katmandou est encore fermé aujourd’hui.

Le dernier mois avec Rahul Bharti était fois une de plus précieux pour aller au bout d’un processus. Si les deux premiers mois étaient très concrets en terme de contenu, massage, soin énergétique, bols tibétains, lors des deux derniers mois, Rahul nous a emmenés dans un face à face avec nous-même.

Après la phase de silence où de nombreux comportements et habitudes se sont dévoilés, Rahul est monté crescendo pour jouer un rôle qu’il apprécie moins. « I will hammer you if you are ready ». Bien sûr que j’étais prête. Rahul Bharti forme des thérapeutes, et nous a invités à résister à la pression. C’est ainsi qu’il a appris, enfant avec son enseignant de la tribu sri lankaise, à devenir humble, sage et mettre son ego de côté. La meilleure façon de soigner les autres est d’être le plus pur, loin de toute fierté, d’avidité, d’impulsivité ou encore d’être vu à tout prix, bref d’ego.

Au fur à mesure des jours, le confinement s’allégeait au Népal. Depuis le jardin, on pouvait voir davantage de gens passer dans la rue le matin. En effet, le gouvernement a organisé des horaires spécifiques d’ouverture des petits commerces alimentaires, matin et soir. C’est alors qu’on a effectué notre première sortie en scooter pour aller chercher de l’argent au distributeur. Une vraie mission ; nous portions les masques, le désinfectant, et en rentrant on changeait d’habits. Et de même, à chaque commande de courses, on attendait 24h avant de les ouvrir, par sûreté. Après 3 mois de confinement, j’ai apprécié ma première sortie, sentir l’espace autour de moi me mettait en joie, bien que ça ne m’ait pas manqué.

Puis, la forme des cours matinaux s’est allégée en se faisant à l’extérieur autour d’une table, d’un thé, voir du petit déjeuner pour les retardataires. Le contenu était toujours aussi riche. Pas de début, pas de fin, juste des questions sur les pratiques la veille, notre quotidien et nos comportements. De plus en plus, on prenait conscience de l’intention qu’il y a derrière chaque acte, chaque parole, chaque pensée.

On pratiquait moins, donnant la priorité au cours de Rahul Bharti on-line. Une première pour lui ! Retissant au début, il s’est aperçu qu’il pouvait donner beaucoup, et continuait d’adorer enseigner et surtout d’aider les membres du groupe par what’s app chaque soir, en entretien individuel suivis. Puis le dimanche s’est organisé l’open house on-line, gratuit pour tous, où chacun pose ses questions de santé ou problématique de vie. Et Rahul continue aujourd’hui, chaque dimanche, généreusement, n’hésitez pas à nous y rejoindre sur ce lien ici.

Il a également été interviewé par la revue Esprit Yoga, ici, magnifique pour comprendre l’éthique du yoga ancien.

Le déconfinement a ensuite pris de l’ampleur suite aux manifestations de la population népalaise. Le gouvernement a donc donné la responsabilité à chacun de sortir ou non. Et peu à peu, le nombre de cas a augmenté. Le Népal reste néanmoins peu touché par le covid.  Nous avons pu alors investir de nouveau dans des masques de qualité à donner aux gens du quartier qui en nécessitaient. Ces jours-là, Rahul était encore plus joyeux. Au début, je m’étonnais que des plus riches demandent des masques également. Puis, peu importe, ce qui comptait à présent, c’était le sourire sur les visages.

Les liens du groupe se resserraient en douceur. A l’approche du départ de Caroline, les moments ensemble se multipliaient malgré nous. Nous ressentions avec surprise un lien fraternel qui nous unissait. Ça pouvait se passer par exemple en épluchant les légumes, où rien ne se dit, dans un silence où l’on se sent proches les uns des autres. C’était des moments où l’on acceptait l’autre entièrement, tant avec ce qui nous irrite que ce qu’on aime. Je ressentais cela aussi, enfant aux côtés de mon frère et ma sœur. On le remarquait tous ensemble a posteriori.

Caroline est la première à être partie pour retrouver son travail au Pays-Bas. L’atmosphère du groupe a changé une fois de plus, plus intime, plus légère. Rahul sentait que la fin de notre séjour s’approchait. L’enseignement s’est encore allégé se transformant en conclusion. Rahul Bharti nous rappelait à chacun ce que l’on ne devait pas oublier, ce qu’on devait travailler en priorité.

Depuis peu, je suis à Paris, heureuse de continuer autant que je peux le rythme que j’avais là-bas et les pratiques régulières. J’ai baignée dans la joie, l’amour et la pureté pendant 4 mois et demi, et aujourd’hui j’ai bien l’intention de faire grandir les graines semées durant ces dernier mois.

Est-ce que le retour n’est pas étrange ? Non, c’est une continuité. Les gens portent des masques, et les mesures de sécurité sont comme au Népal, même plus souple. Le covid nous permet d’être un peu plus conscient de nos gestes, nos comportements et de notre santé.